Portrait de Philippe Roberts-Jones

Portrait de Philippe Roberts-Jones

1974, huile sur toile, 81 x 65 cm
Coll. privée, Bruxelles
N° inv. 1299

Le portrait du poète et historien d'art Philippe Roberts-Jones, ami de longue date et défenseur de l'artiste, vient nourrir de son prestige la galerie des quelques 30 portraits de commande que Gaston Bertrand exécuta de 1947 à 1987. Cette œuvre vient elle aussi confirmer les dires de l'artiste à propos de cette spécificité picturale: « [...] un visage ne correspond jamais à un seul thème de ressemblance. Il possède virtuellement plusieurs possibilités de ressemblance. C'est le peintre – le créateur – qui seul choisit parmi les nombreuses propositions de ressemblance celle qui possède le plus de découvertes dans l'ordre de la crédibilité ». C'est dire que, contrairement à ce que beaucoup pensèrent, le peintre n'avait pas renoncé à tout réalisme. Sinon, pourquoi imposer au modèle et à lui-même de fastidieuses séances de pose ? Celles-ci conféraient donc au portrait, nonobstant son abstraction, ou peut-être même grâce à ce caractère abstrait, une ressemblance tout à fait suggestive.

En tout état de cause, après avoir ainsi oeuvré et s'étant octroyé un recul historique, Gaston Bertrand dut éprouver le sentiment d'avoir rempli une mission que d'autres auraient lâchement délaissée. Cette remarque en fait foi : « Certains parmi les plus grands ont utilisé le portrait comme message; si on supprimait les portraits de leur production, leur œuvre en serait amoindrie, ils ne pourraient probablement tenir la place de fanal qu'ils occupent dans l'histoire de la peinture. Dois-je citer les Primitifs, Greco, Rubens, Rembrandt, Goya ? D'autre part, peut-on concevoir, dans une société organisée, possédant comme la nôtre une vieille culture, l'absence de portrait, cette nécessité de toute civilisation ? ».

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