Le jardin merveilleux
1974, huile sur toile, 100 x 73 cm
Coll. Banque Degroof-Petercam, Bruxelles
N° inv. 1294
Singulièrement,
et contrairement à ce qu’on croirait volontiers, lorsque dessin
il y a, ce dessin ne procède guère du croquis, mais bien de l’aquarelle
que Bertrand a élaborée à partir de ce croquis. Il y a
donc antériorité de l’aquarelle sur le dessin. Quant à
l’huile qui peut naître du même thème, elle provient
d’habitude du dessin, plus rarement de l’aquarelle.
Ainsi, le croquis n° 17 du carnet regroupant une série d’esquisses
sur le thème du métro parisien que Bertrand réalisa en
1964 engendra, outre un dessin à la plume, l’aquarelle Interdit
République, une savante composition verticale aux tonalités mordorées
et, huit ans plus tard, la grande huile intitulée Le jardin merveilleux
; reproduisant assez fidèlement les éléments formels de
l’aquarelle, Bertrand réussit toutefois à changer le climat
de la toile : à la chaleur chromatique de l’aquarelle, il opposait
en effet une palette glacée dominée par les verts.
Il est tout à fait caractéristique de l’œuvre de Bertrand
qu’elle progresse ainsi de manière organique, qu’elle se
développe par retour à des veines déjà exploitées,
que même à des années de distance une récurrence
s’impose dans le traitement des thèmes, que telle œuvre exécutée
dans une telle technique en engendre une autre dans une technique nouvelle.
C’est là chez Bertrand le signe d’un désir d’approfondissement
: il lui faut creuser et décanter ce quelque chose qui l’intéresse,
afin d’atteindre l’essentiel, de tendre vers la perfection, d’aboutir
à l’universel. Voilà pourquoi du croquis à la toile,
à travers les arcanes techniques et artisanales si importantes à
ses yeux, l’artiste accomplit aussi et surtout un cheminement spirituel. |