Les gestes
malhabiles
![Les gestes malhabiles](images/geste.jpg)
1955, pointe sèche gravée sur cuivre, 18 x 11.1 cm
épreuve définitive sur papier Auvergne 32 x 24 cm
édition de 50 exemplaires
Dès la fin de la guerre, Jacques Meuris, jeune poète
et critique d'art, s'intéressa vivement à l'œuvre de Gaston Bertrand.
Au fil des ans, ils devinrent très amis. En 1955, il proposa à
l'artiste d'illustrer quatre des seize poèmes qu'il avait écrits
au début des années 50. Pour Bertrand, il s'agissait en fait d'une
innovation à deux égards : les premières gravures à
la pointe sèche et la première collaboration en tant qu'illustrateur
de textes poétiques. Ce type de collaboration ne se renouvellera plus
à l'avenir ; en revanche, l'artiste avait ainsi pris goût au procédé
de la pointe sèche et allait par la suite réaliser vingt-sept
autres gravures dans la même technique.
Pour illustrer le premier poème « Les gestes malhabiles »,
Gaston Bertrand organise sa planche en zones rectangulaires inégales
qu'il anime de fins réseaux de traits parallèles (horizontaux,
verticaux, en V et en croisillons), montrant bien là son intérêt
de l' époque pour des structures géométriques qui ne soient
pas, comme le plus souvent dans son œuvre, le résultat d'une décantation
de la réalité. Ces plans cadastrés sont traversés
par trois lignes ondulantes dont la trajectoire semble vouloir animer le statisme
général de la composition. Une manière pour le graveur
d'évoquer de manière tout abstraite le décor psychologique
du poème où il est question de « barreaux qui strient l'horizon
et découpent en tranches parfaites et mathématiques l'avenir »,
d'êtres « enserrés entre les parois invulnérables
des obligations quotidiennes ».
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