Figure de femme aux mains jointes

Figure de femme aux mains jointes

1945, huile sur toile, 100 x 77 cm
Coll. Fondation Gaston Bertrand
N ° inv. 152

L'austérité plastique ne fit que se renforcer lorsque à partir de 1945, donc au début de l'aventure de la Jeune Peinture Belge, Gaston Bertrand se décida à adopter provisoirement une palette des plus neutre, dominée exclusivement par des noirs, des gris et des blancs. Position radicale que l'artiste justifia par le besoin de soumettre en priorité son attention aux recherches sur la forme, ce dont témoignent en effet les deux magistrales effigies de 1945 : d'une part le Portrait de ma mère à l'expression saisissante, quasi caricaturale et pourtant si pathétique ; d'autre part la Figure de femme aux mains jointes se détachant sur un fond abstrait monochrome uniquement animé par des coups de brosse, une toile aujourd'hui bien connue qui ne cessera d'étonner par l' audace de sa schématisation expressive à l'endroit du visage et des membres supérieurs, d'autant qu'il s'agit en l'occurrence de la mère de l'artiste.

Devant des déformations physionomiques aussi téméraires, il conviendrait de parler d'expressionnisme, non tellement à la manière d'un Permeke que pourtant Bertrand admirait beaucoup, mais de celui plus fantomatique, et qu'alors justement le jeune belge découvrait avec attention, du Picasso des années 1900. Comme le remarqua Francine-Claire Legrand à propos de ce type de schématisation expressionniste, « la caricature est ici le produit de l'inquiétude ressentie par une nature spéculative, encline à dématérialiser le monde, à capter l'essence plutôt que la substance, nature très éloignée de la tranquille sensualité flamande ».

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