Basilique St-Marc au cercle rouge, VI (Venise)
1972, aquarelle et tempera sur pur chiffon, 49.5 x 65.2 cm
Coll. privée, Bruxelles
N° inv. 1260
Lors de son périple
italien en 1953, Gaston Bertrand avait espéré découvrir
Venise. Il lui fallut pourtant attendre l’année 1966, alors qu’il
était déjà âgé de cinquante-cinq ans. Sa présence
dans la cité des Doges se justifiait aussi par le fait que cette année-là,
il fut le peintre belge invité à exposer ses œuvres dans
le pavillon belge de la XXXIIIe Biennale de Venise.
Face aux merveilles architecturales que Venise put offrir à son regard,
l’artiste marqua ses préférences pour la basilique Saint-Marc.
De l’édifice, il prit trente-quatre croquis à l’encre
dont il allait tiré, cinq ans plus tard seulement, quatorze grandes aquarelles
très aériennes, une pointe sèche et, en 1979, une série
inédite de vingt-trois grands dessins en couleur.
Pour l’artiste, attiré comme toujours par le graphisme tendu de
certains éléments architecturaux, le célèbre ensemble
des cinq coupoles présentait un aspect fascinant, à savoir les
découpes ajourées des clochetons ainsi que les croix byzantines
finement ouvragées qui surmontent ceux-ci et électrisent véritablement
le ciel de la ville. Reculant un moment, l’artiste capta la silhouette
de la basilique se dressant à présent au-delà du pavement
de la place Saint-Marc aux motifs géométriques élégants.
Comme à l’accoutumée, du croquis à l’œuvre
l’artiste a éliminé certains éléments tandis
qu’il en met d’autres en exergue. Ainsi ne conserve-t-il que quatre
dômes et élimine-t-il la façade même de l’édifice
afin d’unir les formes arrondies des coupoles aux jeux angulaires du pavement
qui soudain semble soutenir verticalement les colonnes. Comme à chaque
fois chez Bertrand, l’arbitraire de la représentation se voit compensé
par l’invention et l’habileté de la composition. |