Portrait de Mme B. Goldschmidt

1951, huile sur toile, 54 x 45 cm
Coll. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
N ° inv. 452

À croire que le peintre se complut davantage dans une certaine cruauté graphique lorsqu'il s'agissait de modèles féminins : le Portrait de Mme B. Goldschmidt recèle des angulosités expressionnistes plus radicales et une hautaine sévérité du regard. Alla, une très belle femme d'origine russe, et le banquier Bénédict Goldschmidt qu'elle épousa en 1949, devinrent grands amis des Bertrand peu après l'installation de ces derniers dans leur nouvelle demeure uccloise. Rien de plus naturel que tous deux aient souhaité être portraiturés par le peintre.

Dans ce portrait d'Alla Goldschmidt, tout en angles et privé de la moindre parure, le rose uniforme du visage et du buste tranche de manière spectaculaire sur un fond noir de nuit ; en somme deux champs chromatiques bien déterminés : au noir se rattachent les prunelles et les cernes du visage, de même que la chevelure grisée; au rose appartiennent la longue main courbe portée à la joue ainsi que la lèvre agressivement purpurine. Même si l'identité du modèle s'efface devant la priorité que Bertrand désire accorder à l'expression picturale pure et à l'invention graphique, il est troublant d'observer que sont quand même perceptibles de brefs éléments de ressemblance physionomique qui apparaîtraient alors comme un discret dévoilement du mystère de la personne ; il s'agirait là, dans le cadre de l'art moderne, d'une aptitude peu commune dont le peintre aurait le secret : elle s'observe à l'évidence dans cette effigie « repensée » d' Alla Goldschmidt, un chef-d'œuvre digne de figurer dans la galerie des plus beaux portraits du XXe siècle.

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